mardi 4 novembre 2014

L'an 2013 au rucher d'Eveline

JANVIER 2013

Janvier commence avec quelques jours de froid. Pas intense, nous sommes quand même sur le Bassin d’Arcachon…
Et ensuite que d’eau, que d’eau ! Elle est au ras de la pelouse, dans quelques endroits se forment de grosses flaques qui perdurent.
Une certaine douceur est là cependant et lorsque la pluie se calme un peu, lorsque le soleil darde ses rayons, les abeilles prennent leur envol.
Elles rapportent du pollen, du orange bien foncé, du jaune, du gris perle mais où vont-elles ?



Quelles fleurs ont-elles repérées et que je ne vois pas ?
J’ai bien remarqué Lonicera fragantissima le bien nommé et fort joli chèvrefeuille arbustif à floraison hivernale.


Et bien non, c’est le cousin Bombus terrestris  dit « cul blanc » qui est au travail.
Je décide de remettre à plus tard mes recherches. Je tiens à profiter de la douceur ambiante pour faire une petite visite à mes protégées. Elles s’activent, c’est parfait, mais quand est-il des ruches ?

Nous sommes le 30 janvier 2013, il est 14 heures, la température est de 16,5°C à l’abri et il y a un très léger souffle de vent.

J’allume mon enfumoir, je m’en servirai très peu. Juste avant d’ouvrir le couvercle de la ruche je vais envoyer un peu de fumée sur la planche d’envol : les voilà prévenues de mon intervention.
Dans les indispensables il y a aussi la vareuse, le pantalon, les bottes enfin tout pour se protéger d’un possible incident.



Je me contenterai :

• d’enlever les bandes de traitement anti varroa que je n’ai pas retirées en novembre, le temps n’était pas favorable et inutile d’exposer la grappe à un refroidissement qui pourrait lui être fatal.


Le varroa est un acarien parasite de l’abeille adulte ainsi que des larves et des nymphes.
               -Source wikipedia


  • d’un coup d’œil général pour estimer le nombre de cadres occupés et d’apprécier la population. 
Après mon intervention, je repose les nourrisseurs/couvercles et je les garnis de 200 g de sucre Candy par ruche. Il me semble que les provisions sont encore suffisantes mais je ne veux pas prendre de risque.

Je ferai une visite de contrôle la semaine prochaine.

FEVRIER 2013

Et voici février, l’hiver s’étire tout en douceur. Encore beaucoup de pluie, quelques gelées blanches qui n’empêchent ni la faune de s’activer ni la flore d’émerger : coucou printemps

Helleborus orientalis
Helleborus foetidus
Helleborus argutifolius

Le petit monde ailé est de sortie.
Le diptère du genre éristale très mimétique du faux-bourdon déjeune à côté d’une abeille.
[faux-bourdon ou mâle abeille – éristale ou mouche]
L’abeille charpentière au vol lourd et bruyant s’active à la recherche de pollen et de nectar qu'elle ramène dans les logettes de ses galeries pour y nourrir ses larves.
De nombreux insectes logent dans les bois alentour et profitent de la floraison du verger et des plantes mellifères du jardin. Le couvert est mis, le gîte ne manque pas, je renonce à installer l’hôtel.
L'hotel*** à insectes de Maria et Jacques Saulière à Salles
Mes protégées s’activent en voyages incessants des fleurs à la ruche.
Il est temps pour moi de penser à préparer la saison à venir et de faire le point sur le matériel qui me sera nécessaire : en avant !

MARS 2013

Et voici mars ; il est plus que temps de réviser et préparer le matériel qu’il me faudra mettre en place dès avril.



Voici le type de ruche que j’utilise mais il y en a bien d’autres. On les nomme le plus souvent du nom de leur inventeur : Dadant, Warré, Langstroth etc.

Le Corps

C’est la maison des abeilles : reine, ouvrières et faux bourdons (monsieur abeille qui y vivra de mars aux 1er froids).




Le corps est garni de 10 cadres de cire gaufrée que les abeilles ont tirée en logettes. La reine déposera ses œufs sur une partie de ces cadres : c’est le couvain.


Sous le corps, il y a le fond qui se prolonge par la planche d’envol parfois fort encombrée !


Je remplace tous les ans trois cadres de corps et la planche d’envol. Je fondrai la cire et après nettoyage et remise en forme, le matériel sera stocké pour réutilisation.

La Hausse

C’est le grenier des abeilles et la récolte de l’apiculteur. En général, on pose les hausses à la floraison des merisiers et/ou cerisiers.


La sauvegarde des hausses en état avec la cire tirée n’est pas toujours évidente. Il y a un lot de gourmands à l’affût comme la fausse teigne si utile pour la pêche à la truite et si ravageuse pour l’apiculteur.



Larves de fausse teigne


  Papillon

La visite de printemps pour le changement des fonds et le remplacement des cadres a été l’occasion de vérifier l’importance des colonies. Dans l’ensemble tout va bien même si une ruche est orpheline : Elle n’a plus de reine.  

Il est trop tôt dans la saison mais vers la mi-avril nous essaierons d’y remédier : A suivre…


Visite de printemps

AVRIL 2013

Avril est là, il y a une activité soutenue du côté des ruches et il y a beaucoup de faux bourdons (monsieur abeille) C’est le moment de penser à ma ruche orpheline (pas de reine) et de leur proposer d’en élever une.

Je vais prélever un cadre avec du couvain de moins de 36 heures dans une ruche bien pourvue et elles construiront une ou plusieurs cellules royales, nourriront la larve avec de la gelée royale et ensuite la jeune reine s’élancera hors la ruche pour son vol nuptial.

 
cellule royale

 C’est avec plaisir qu’une vingtaine de jours plus tard je trouvais dans la ruche du couvain, ma jeune reine revenue se consacrer à l’œuvre de sa vie : la ponte.  Opération sauvetage réussi  ouf !

 

 Pas le temps de s’endormir, la saison des essaimages est arrivée. Nous sommes le 21 avril et un essaim est arrivé chez nous. J’ai bien vérifié : il ne peut pas s’agir des mes protégées, cette fois du moins !
 Il va falloir le capturer. Je ne compte pas augmenter mon nombre de ruches et donc je contacte des amis qui viennent avec leur matériel.

   
Nous avons cru l’affaire réglée ! Et bien non, l’essaim ressortit, se rassembla et partit se poser dans le bois mitoyen presqu’au ras du sol. Nous recommençâmes et plusieurs fois. Rien à faire l’essaim ne restait pas dans la ruchette. Nous reportâmes au lendemain matin avec un nouvel habitat.

 Nous avons déroulé le tapis, coupé et posé délicatement la branche devant   le plateau d’envol et c’est avec plaisir que nous les avons regardées entrer dans une petite ruche langstroth et y rester !

MAI 2013


« En  mai, fait ce qu’il te plait ! »

J’avais posé une hausse sur les ruches les plus actives à la floraison des merisiers. La miellée est là. Les derniers arbres fruitiers sont en fleurs et  l’acacia (plus exactement le robinier faux acacia) est sur le point de fleurir.
Fleurs de Robinier faux acacia

 Une de mes colonies a déjà bien rempli sa hausse, si le temps n’est pas trop à la pluie, elle va la compléter très très rapidement.
D’ailleurs tout le monde aime le goût sucré de l’acacia…
On n’oublie pas  de visiter les bourraches.
Et comme il en faut pour tout le monde c’est Bombus pascuorum  dit « cul roux » qui s’occupe de la sauge.

Le temps n’a pas été de la partie ; mes courageuses ont dû mettre les bouchées doubles au moindre rayon de soleil. La hausse est quasiment pleine et operculée et avant la fin du mois j’ai glissé une seconde hausse.



JUIN 2013

Juin et une récolte : que du plaisir et un moment de grande excitation. C’est la première année que je gère seule le rucher avec un   préposé à l’enfumoir de temps en temps.

Après avoir mûrement étudié la façon de m’y prendre, je me décide. J’ai consulté la météo, le temps sera mi-figue mi-raisin : mon optimisme l’emporte.
En fin de soirée, j’ai interverti mes deux hausses en faisant passer la seconde   que j’avais posée 15 jours auparavant sous la pleine. Je glisse entre les deux hausses un chasse abeille.

Je vais le fixer sur un couvercle muni d’un trou et l’installer sous la hausse pleine. Les abeilles passeront par le trou, ressortiront par les ouvertures ménagées à cet effet dans la seconde hausse puis dans le corps de la ruche.

Ce sont les phéromones émises par la reine qui vont les pousser à la rejoindre. Cela peut s’avérer un peu long quand la colonie est importante.

Elles auront tout leur temps, le lendemain matin c’était un peu l’apocalypse : pas question d’ouvrir une ruche sous le déluge.
Il faudra viser une belle éclaircie, la température restant convenable bien au-dessus de 18°C. Il faudra attendre deux longues journées et regarder l’eau monter, monter avant de récupérer la hausse et de l’extraire.

 Installation des cadres de hausse désoperculés dans l’extracteur

 Et on mouline et on mouline….

 Le précieux nectar coule
Il sera mis dans le décanteur ou « maturateur »  qui comporte dans sa partie haute un filtre afin de retenir les morceaux de cire de la désopercule. 

Cette cire servira à faire des bougies merveilleusement parfumées. Il y restera à « mûrir » environ un mois avant la mise en pot.





JUILLET 2013
Juillet, déjà un mois que le miel mature gentiment, je vais procéder à la mise en pot.






Je vous rassure, je n’ai pas réussi à dépasser une longueur de ce superbe montage exposé à la foire d’Aigre Charente-Maritime.

Les abeilles, infatigables travailleuses, continuent de s’activer. On les rencontre un peu partout dans le jardin.

Récolte de pollen sur fleur de bourrache

Visite de la véronique arbustive

Feijoa : j’arrive !


Un petit tour du côté des lavandes


Les abeilles solitaires sont également de la partie.

La mégachile brosse soigneusement avec son ventre les gaillardes. C’est l’abeille découpeuse : son instinct la pousse à découper des fragments réguliers, ovales ou arrondis de certaines feuilles ou fleurs pour construire le nid dans lequel elle déposera ses œufs.




Juillet veut nous faire oublier le printemps pluvieux et un mois de juin tristounet. Je vois partir à regret plusieurs essaims de mes ruches. Elles ont la bougeotte, soit il n’y a pas assez de ressources et elles déménagent, soit c’est génétique à dire de spécialistes.



Voir partir un tel paquet d’abeilles avec la reine bien cachée dans la grappe me chagrine. Les ouvrières qui restent dans la ruche vont élever une nouvelle reine et le cycle recommencera. Il ne faut pas compter sur une nouvelle récolte pour les ruches qui ont essaimé : hélas.


Araignée du soir, espoir !

La toute belle Argiope frelon ou Argiope bruennichi

AOÛT 2013


  Epeire porte croix - Araneus diadematus

  Araignée du soir, espoir !
hum, hum…
Mes abeilles sont essaimeuses.  Au lieu de s’activer à mettre du miel au grenier, elles partent à travers le vaste monde pour former une autre colonie. 
Envol des abeilles avant regroupement de l’essaim


Et si on trouvait un petit rucher sympathique et accueillant : un peu loin le Doubs, dommage !

Et si on trouvait une ruchette dans le voisinage, certains apiculteurs les laissent fort tard dans la saison, on s’y engouffrerait…
Ruchette en forêt de Audenge

Il reste à la ruche suffisamment d’ouvrières pour mener à bien l’élevage d’une nouvelle reine.
Cette nouvelle reine partira pour son vol nuptial et à sa rentrée en la ruche la vie reprendra.

Malheureusement un incident de parcours est toujours possible et lorsque la reine ne revient pas, le dernier informé est l’apiculteur.  Il faut pourtant faire vite pour prendre de vitesse :

- ce grand gourmand de sphinx tête de mort qui a un goût effréné pour le miel.


 - les fausses teignes qui adorent pondre dans les cires dont leurs larves se gaveront

Un brin de douceur pour terminer
Mon rosier « Marie-Reine » (Albertine ?)

SEPTEMBRE 2013

Les dernières miellées de la saison



Je vais utiliser les cires de désopercule que j’ai récupérées. Rincées, débarrassées de toutes leurs impuretés par filtration, elles me serviront à fabriquer de l’encaustique.

100 g de cire d’abeille
200 ml d’essence de térébenthine

Mettez la cire dans un bocal et la faire fondre au bain marie
Une fois la cire fondue ET HORS DU FEU, ajoutez l’essence de térébenthine, bien mélanger.
Attendez qu’elle se fige… Terminé !
Pain de cire d’une désopercule d’acacias
Odeur de cire très classique

Pain de cire d’une désopercule de miel de forêt
Rucher de Jonathan Barberoux 24
Notes puissantes de châtaigne et de caramel

Les abeilles continuent à prélever nectars et pollens. Cette fois pas question d’emplir le grenier. Elles stockent leurs provisions au plus près du nid de couvain. Ce dernier a été considérablement réduit, les abeilles d’hiver sont nées en grand nombre au début du mois. La ponte de la reine s’adapte au besoin de la ruche, il n’y a pas lieu d’augmenter le nombre d’ouvrières. La saison de grande production est terminée.

Abeille et Elaeagnus ×ebbingei

OCTOBRE 2013

Les hausses ont été retirées, le matériel est bien propre, les abeilles se sont chargées de « licher » les quelques gouttes de miel qui étaient demeurées dans les alvéoles.
Une bonne visite du corps de ruche s’impose afin de vérifier qu’il y a suffisamment de provisions, du couvain, ce qui signifie qu’il y a une reine active, et qu’il n’y a pas de parasites. Je pose les bandes anti-varroa pour 5 semaines.
Le petit monde des insectes s’active et volette en tous sens. Pour qui sait chercher, il y a encore bien des récoltes à faire.
Toutes les espèces de Polistes sont prédatrices, et elles peuvent consommer un grand nombre de chenilles et sont donc considérées comme utiles.
Il faut apprendre à faire abstraction de sa peur d’être « piqué ». Les hyménoptères ne se jettent pas sur nous. Il faut analyser le pourquoi de l’attaque (qui est en fait une défense) : nous avons eu une attitude imprudente et/ou l’insecte s’est senti en danger.
Guêpe poliste - Polistes dominulus

Le frelon asiatique se gave de pollen et adore les fleurs des lierres !  Ses besoins sont multiples et il est bien regrettable que sa nécessité de consommer des protéines le pousse vers le rucher.
Frelon asiatique sur Aralia - Fatsia japonica  
 La piéride en profite au passage pour laisser quelques œufs sur les choux. Mon jardinier ne sera pas content !

Piéride du chou - Pieris brassicae



NOVEMBRE 2013


La froidure et la grisaille s’installent, les abeilles sont confinées à l’intérieur de la ruche. Dès que la température atteint 15°C les voilà qui volettent à nouveau en tous sens. Elles trouveront l’arbousier en fruits et en fleurs,

et les Lonicera de tous genres.



DECEMBRE 2013

Et tout au long de cette année nous avons eu de nombreuses visites, parfois l’appareil était en bandoulière…





Héron cendré - Ardea cinerea

Mante religieuse - Mantas religiosa


Faisan de Colchide - Phasianus colchicus

Chevreuil - Capreolus capreolus

Couleuvre d’Esculape ou Liron - Zamenis longissimus

Couleuvre à collier Natrix natrix

Punaise Arlequin - Graphosoma italicum

Vulcain - Vanessa atalanta
Les abeilles du Rucher de Éveline vous souhaitent de bonnes fêtes de fin d’année et une année 2014 douce comme du miel.




Textes et photographies d'Eveline Métivier

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