Il existe des approches très différentes de ces
jardins, certaines fondées sur des rituels traditionnels comme la cérémonie du
thé, d’autres plus spirituelles conduisant à la contemplation.
Le jardin japonais naît au 8ème siècle, très largement inspiré du jardin chinois beaucoup plus ancien. C'est un lieu chargé de symboles.
Il fait appel à des formes esthétiques dépouillées et très ordonnées ainsi
qu’aux sons produits par l’eau et le vent.
Les jardins zen apparus plus tard, sont d’un autre style
très épuré dont certains paysagistes contemporains s’inspirent dans leurs
créations modernes. Ils ont l’avantage d’occuper peu d’espace et d’être
relativement simples dans la conception.
1- Quelques traits caractéristiques
Un jardin clos avec une superficie souvent réduite
mais un assemblage qui donne l’impression d’un grand espace (les limites
sont camouflées, jeux de perspectives) et d’une imitation de la nature idéalisée (montagne,
vallons, ruisseaux…)
Pas de symétrie mais une asymétrie équilibrée :
-
Une disposition précise des objets pour inciter le regard à aller d'un point intéressant au suivant : plantes,
rochers, statues, pavillon…
-
Des plantes aux formes, textures et tailles variées
-
Un contraste entre rugueux et lisse, vertical et horizontal, doux et dur
-
Une saisie du mouvement par des tourbillons du dallage, des monticules plantés.
Un jardin qui souligne le caractère éphémère de
la nature : tableaux changeants avec la succession des floraisons et la
coloration des feuillages.
Un espace destiné à la contemplation plus
qu’au jardinage et aux loisirs :
des allées sinueuses, guidées par des pas japonais,
des vues changeantes qui invitent à la concentration et à la méditation, du son
(eau, vent dans les feuillages…)
2- Les mariages de feuillages
La
juxtaposition de feuillages décoratifs permet de créer une scène apaisante
grâce à l’absence de teintes vives. Les nuances de vert et de gris sont d’une
infinie richesse qu’il convient de combiner à des différences de texture parmi
les feuillages. Quelques conifères pour lesquels les jardiniers japonais sont
passés maîtres dans l’art de les tailler en nuage, ajoutent leur forme insolite
dans le décor. Les colorations automnales des feuillus (érables, Prunus…)
sont tout aussi importantes pour signifier le cours des saisons.
Les bambous
Les bambous sont souvent présents dans
les jardins japonais car leurs tiges géantes et régulières invitent le regard à
s’élever vers le ciel. Le feuillage persistant anime le jardin à la moindre
brise tout en faisant apparaître des jeux de lumière.
La couleur des cannes de bambou varie
du jaune paille au pourpre en passant par le noir ébène ou le vert. Certaines
présentent des stries vertes et jaunes comme Phyllostachys aureosulcata
‘Spectabilis’. Leur taille varie selon les cultivars de moins de 1 m comme le Pleioblastus, à plus de 5 m chez les Phyllostachys.
Les bambous apprécient des sols frais
ou humides mais ils résistent bien à la sécheresse.
Les espèces cespiteuses sont moins
envahissantes. Sinon contrôlez l’expansion des bambous grâce à des barrières
racinaires enfoncées à 30 cm
de profondeur.
Les bambous ne sont pas uniquement
utilisés en tant que végétal, ils servent aussi à la confection de mobiliers
comme des fontaines, des mobiles, des claustras.
Phyllostachys sulphurea- Photo ED
3- Le fleurissement d’un jardin
japonais
Si
les feuillages sombres constituent la toile de fond, les couleurs vives n’en
sont pas moins présentes, distribuées par taches. Les azalées, les
rhododendrons et les camélias sont les végétaux les plus représentatifs de ces
jardins.
Mais
n’oubliez pas les couleurs tendres des cerisiers, des amandiers à fleurs, des
magnolias qui sont illustrés dans les estampes japonaises. Les variétés de
formes, pleureuse chez Prunus
‘Accolade’, colonnaire chez Prunus
serrulata ‘Amanogawa’ s’ajoutent au charme de leur floraison. Les
écorces rouge cuivré des Prunus, présentent en outre des stries
horizontales, particulièrement décoratives chez Prunus serrula.
Parmi
les vivaces, les parterres de primevères japonaises (Primula japonica) colorent avec faste les sous-bois humides,
les fleurs toutes simples des anémones du Japon assurent la floraison jusqu’à
l’automne.
Mariage
harmonieux associant les floraisons d’un magnolia taillé en nuage au 1er plan, de
pommiers à fleurs roses et blancs, d’azalées, de camélias, et de spirées de
printemps au sein d’une ambiance verdoyante générée par les bambous , l’érable
japonais, les conifères (if, cèdre, Chamaecyparis obtusa, Cryptomeria), les haies de fusains du
Japon, etc. –Photo E.D du Parc d'Albert Kahn à Boulogne-Billancourt
4- Des plantes structurées
4.1 Les
plantes étalées
Les
arbustes à la ramure horizontale sont particulièrement appréciés pour s’opposer
aux formes dressées vers le ciel comme celle des bambous. Elles incitent à
promener le regard tout autour. On retrouve ces lignes dans les toits des
pagodes. Le jardinier japonais renforce cet aspect en pratiquant la taille en
nuage notamment sur les pins et génévriers.
Ce
port est particulièrement élégant chez le Cornus controversa ‘Variegata’
qui peut atteindre 15 m
en tout sens. Son feuillage panaché éclaire un coin de jardin planté de
rhododendrons et de camélias. Cornus kousa est encore plus spectaculaire
lorsqu’il déploie sa floraison blanche en mai. Parmi les viornes et hortensias,
retenez le Viburnum plicatum ‘Mariesii’ et l’Hydrangea macrophylla
‘Veitchii’ pour leurs inflorescences plates semblables à de la dentelle.
L’Hamamelis est aussi intéressant pour
sa floraison hivernale jaune d’or et très parfumée. Ses branches grêles
horizontales encore nues se couvrent d’une multitude de fleurs chiffonnées.
4.2 La
taille en nuage
Pin taillé en nuage –Photos E.D
L’objectif
de cette taille est de laisser passer le regard, d’accroître la perspective et
d’évoquer un vieil arbre aux formes intéressantes.
Le
principe consiste à mettre en valeur l’architecture du tronc et des branches
maîtresses de l’arbre ou de l’arbuste, de conserver les proportions et la forme
choisie. Il s’agit de mettre à nu les branches maîtresses en ne gardant que des
bouquets de feuillage en extrémité. La taille doit conserver un équilibre entre
les dimensions du végétal et le volume de son feuillage. Les amas de verdure
sont eux-mêmes taillés de façon à donner à l’ensemble une silhouette étagée.
Chez
les pins (symboles de longévité), pratiquez cette taille dès leur plus jeune
âge. On choisira des sujets intéressants par l’aspect tortueux du tronc et des
branches.
S’initier à la « taille en
nuage »
Pour débuter cet art, choisissez un
arbuste type génévrier horizontal (Juniperus
X media ‘Pfitzeriana’). Ce petit conifère est souvent planté
pour garnir une rocaille mais il finit souvent par occuper un peu trop de place
au sol. Au lieu de l’arracher, rendez-le attractif en supprimant toutes les
branches de la base de façon à dégager la silhouette des troncs. Le feuillage
moutonnant qui réside au-dessus peut rester tel quel ou subir une taille fine
en touffes éparses.
5- Le minéral
Jardin zen de Toulouse- Photo ED
Certains
rochers sont mis en scène dans les jardins japonais pour symboliser une
montagne qui mène au sanctuaire. Leur disposition doit paraître naturelle même
si des règles bien précises existent quant à l’orientation et la couleur que
nous n‘évoqueront pas ici.
Un
arrangement ordonné de galets apparaît souvent dans les jardins zen. Ils
peuvent évoquer une rivière, ponctuée çà et là de quelques gros rochers. Le sol
peut être recouvert de gravillons blancs soigneusement ratissés de façon à
dessiner des stries ou des spirales. Ces aménagements sobres délimitent des
zones vides d’où se dégage une atmosphère apaisante.
Les
pas japonais en pierre ou en bois, largement employés dans nos jardins
occidentaux, trouvent aussi leur origine dans le parc oriental. Les pierres
plates, disposées au sein d’un gazon ou parmi une couverture minérale (galets,
graviers…).mènent le promeneur vers un lieu précis, anciennement le pavillon de thé.
6- Le son
Se
laisser bercer par le murmure de l’eau invite à la rêverie, pour certains à la
méditation. Un simple filet d’eau peut suffire. Par un système de balancier, les
fontaines japonaises (sozu) sont animées d’un mouvement périodique. Elles scandent les
lieux intimes du son des bambous qui s’entrechoquent. Une petite pompe suffit à
les activer.
Le
son est aussi produit par le balancement des rameaux souples des arbres pleureurs
ou des chaumes des bambous.
"Sozu" destiné à effrayer le gibier par le son produit- Photo ED du Jardin de Quercy à Verfeil sur Seye